Le rapport entre les artistes et les masques

Walter Van Beiirendonck

Walter Van Beirendonck est un créateur de mode né à Brecht en Belgique en 1957. Il est connu pour son style original, décalé, excentrique et pas dénué d’humour.
Diplômé de l’académie royale des beaux arts d’Anvers, il en dirige le département mode.
Les musées du Louvre, de Chicago, de Dallas ont exposé ses créations et ses défilés tiennent plus de l’art et de la performance que de la mode.
Il a fait plusieurs collaborations avec des artistes contemporains notamment l’artiste plasticienne, transmédia et féministe française Mireille Porte alias Orlan qui travaille entre Paris et Los Angeles.
Fasciné depuis toujours par les masques, Walter propose depuis janvier dernier et ce pendant un an au Wereldmuseum de Rotterdam une exposition  » The power of Masks »..
Crédits également à fashionnetwork.com
 

Phyllis Galembo

Fantastique le travail de Phyllis Galembo, artiste photographe de New york née en 1952.
Il faut se pencher sur son travail photographique remarquable et énergisant.
Elle a publié plusieurs monographies et dans son dernier travail elle explore le masque comme tradition complexe dans laquelle les participants transcendent le monde physique et entrent dans le royaume spirituel, toujours ces réalités multiples.
Phyllis est présente dans de nombreux muséeS dont le Metropolitan Museum of Art et la New York Public Library de New York.
Elle a été boursière Guggenheim en 2014.
Crédits : la-chambre-claire.fr
Son site à voir absolument : www.galembo.com
 

James Ensor

Né à Ostende en 1860, James Ensor meurt dans la même ville en 1949.
C’est un artiste peintre, graveur, anarchiste belge.
Incompris par les critiques de l’époque, son atelier aménagé dans le grenier de la maison familiale lui sert de refuge.
Il s’y emprisonne tout seul et y vit isolé, tourmenté en proie à ses démons intérieurs.
Il ne montre aucun scrupule envers l’homme le réduisant à un masque.
Son sentiment d’insuffisance face à l’existence nourrit un profond malaise le conduisant à se considérer lui-même comme un masque parmi les masques.
 

Mylène Farmer

Assez impressionnant ce backdrop (fond de scène), le backdrop est à la scène musicale ce que le fond d’écran est à l’ordinateur, qui est diffusé pendant la prestation de Mylène Farmer, artiste compositrice interprète franco-canadienne.
(voir vidéo à l’adresse suivante: https://youtu.be/ywFtRzUutkw?list=RDywFtRzUutkw)
C’est du « Digital Art vidéo ».
La chanson s’appelle « Je te rends ton amour » et clairement les paroles font référence à l’univers de la peinture puisqu’elle chante plusieurs fois « mon maître Egon Schiele » et à un autre moment: « Je serais ta femme nue debout », une des œuvres les plus connues de Schile.
La vidéo a été conçue par Concept Image D/labs, on y voit des masques, la peau se craquelle et devient incandescente, une intensité lumineuse apparaît alors.
Quelle énergie extraordinaire derrière ces masques !
 

Romuald Hazoumé

Romuald Hazoumé est né en 1962 à Porto-Novo au Bénin.
Il réalise des masques avec des bidons d’essence usagés en plastique, revisitant l’art ancestral des masques africains.
Apparaissent alors des faciès littéralement habités, témoins de sa culture Yoruba, groupe ethnique surtout présent au Nigeria voisin du Bénin.
Son combat intime, la corruption présente en Afrique.
Il est connu mondialement pour ses œuvres.
Pour la grande maison de cristal Daum, Romuald Hazoumé a crée « Blue Oil Head », une pièce emblématique cristallisant son message engagé. »

Kip Omolade

Kip Omolade est né à Harlem dans l’état de New York.
Il réalise des moulages chromés du visage de ses modèles et les reproduit en peinture à la perfection , se rapprochant ainsi du mouvement hyperréaliste.
Le processus est assez long, il consiste à fabriquer un moule et à mouler le visage de chaque modèle, à retravailler la sculpture en plâtre coulé, à produire une version en résine et à ajouter une couche de chrome avec des cils artificiels.
La sculpture finale sert alors de modèle à la peinture à l’huile hyperréaliste.
Il déclare :  » Mes portraits examinent l’immortalité, l’identité et la spiritualité ».
Il fait également des auto-portraits en suivant le même processus, il dira alors essayer de peindre son âme.
Bien sûr on pense aux masques mortuaires de Khâemouas et au musée du Louvre, aux masques funéraires de Mycènes, voire au plus célèbre, le masque de Toutânkhamon.
Les masques ont toujours été utilisés dans les rites funéraires, ils sont inséparables des croyances concernant la mort elle-même, la résurrection, l’immortalité.
Plus d’informations sur son site internet :

Hyung Koo Lee

Hyung Koo Lee est un artiste contemporain sud coréen, né en 1969. Il a exposé à la biennale de Venise en 2007 (pavillon coréen).
Il nous propose les  » Objectuals », des masques-casques-bulle transparents qui altèrent l’apparence de celui qui les porte.
Ce qui me paraît très intéressant dans ce travail, c’est que les humains affublés de ces masques gardent une expression d’effarement, ils sont ébahis et stupéfiés de ce qui leur arrive et ils sont effrayés par ce qu’ils voient. Cela est intéressant car ces expressions de frayeur empêchent de s’habituer à cette situation extravagante qui nous terrorise face à l’autre potentiellement dangereux et nous confine dans une société de solitude qui s’installe.
Il me vient à l’esprit deux livres intéressants dont je joins la maquette et qui sont des études sociologiques et psychologiques permettant de mesurer les risques de cette société qui advient.
La dimension cachée de Edward T. Hall, qui envisage « les gestes barrières » en fonction des différentes cultures du monde, et le livre d’Isaac Asimov « Face aux feux du soleil » décrivant une dystopie, une planète « solaria » peuplée de 20 000 individus entourés de 200 millions de robots. Les habitants ont cessé de se voir physiquement et restent reclus dans leurs habitats personnels. Ils ne se rencontrent plus désormais que d’une façon virtuelle en communiquant par stéréovision (genre de conférence Zoom) . Les humains de Solaria ne peuvent tout simplement plus supporter nerveusement et psychiquement la présence d’autrui à moins d’une bonne dizaine de mètres. Au départ la peur des maladies transmissibles, et puis à la longue la perte de la force nerveuse suffisante pour s’approcher de l’autre.
A méditer non ?

Zhijun Wang

Surprenant ce jeune designer chinois collectionneur de sneakers (baskets) . Il crée des masques avec des sneakers ! les snackers-masks, au départ pour alerter les gens sur les conditions épouvantables de la pollution à Pékin en 2013…. Depuis il y a eu la Covid…
Depuis, Il développe sur son site internet, je vous invite à le visiter, des modèles de masques téléchargeable pour aider à lutter contre la pénurie de masques chirurgicaux.
Il faut dire qu’il y a mondialement un engouement pour les sneakers, a tel point qu’il y a de nombreux livres consacrés à ce phénomène, dont celui de Pierre Demoux :  » L’Odyssée de la basket :Comment les sneakers ont marché sur le monde »
Il se trouve que le matériel utilisé pour faire des sneaker s’avère être léger, durable, respirant et donc bien adapté pour des masques
.Zhijun Wang a fait depuis, beaucoup de collaborations avec des marques, notamment Esselunga ( le carrefour d’Italie).
Le grand artiste japonais mondialement connu Takachi Murakami l’a exposé dans sa propre galerie en 2018 et sacralisation suprême, une partie de ses modèles fait partie de la collection permanente du Moma à New York !
Son site :

Christophe Coppens

Aujourd’hui, un artiste visuel plasticien qui travaille à Los Angeles, né en 1969 en Belgique à Saint-Nicolas.
Il a conçu des costumes pour Lady Gaga et Rihanna.
Son exposition « 50 masks » est pleine de symbolisme. Ces masques sont des représentations de problèmes brûlants de la société américaine actuelle, agressions sexuelles, culpabilité blanche, identité de genre, religion, armes à feu, drogue etc…
The Trump Mask par exemple est un spectre ressemblant à un démon drapé dans le drapeau américain. Tout un symbole non ?

Marine Serre

Les masques et les artistes
Prémonitoire la vision de Marine Serre, créatrice de mode corrézienne, prix LVMH 2017, qui faisait déjà défiler ses mannequins masqués bien avant la pandémie.
Son logo : Le croissant de lune omniprésent.
Elle milite activement pour une mode éco-responsable en réalisant une partie de ses créations avec des vêtements usagés, des nappes, draps, taies d’oreiller et autres fibres de seconde main.
Il faut très vite aller voir sur son site son dernier défilé, un fashion film de 13 minutes qui présente ses dernières créations dans un univers de science fiction qui emprunte à la fois au film THX 1138 de Georges Lucas, ou Under the skin de Jonathan Glazer et même à Orange mécanique de Stanley Kubrick.
La chanteuse irano-néerlandaise Sevdaliza et l’artiste française Juliet Merie sont convoquées dans cette dystopie portant le titre « Amor Fati », embrasse ton destin, phrase attribuée à Niezsche.
Est-ce de la mode ? Est-ce de l’art ? Pour moi la réponse est limpide.

Alejandro Pasquale

 Les masques et les artistes
Alejandro Pasquale est né à Buenos Aires en 1984.
Pour lui le masque est un symbole d’évasion permettant d’échapper à une réalité subie et d’entrer dans un nouveau monde.
Dans son travail résolument surréaliste, il y a un au-delà de la linéarité de l’histoire de ses personnages auxquels il est tentant d’imager des aventures oniriques.
Crédits www.thereart.ro,

Damselfrau

Nous commencerons avec Damselfrau, artiste visuelle norvégienne de son vrai nom Magnhild Kennedy qui travaille depuis Londres et confectionne des masques saisissants et troublants avec des matériaux récupérés dans des marchés aux puces, des brocantes ou dans la rue.
Autodidacte, avec elle l’émerveillement débarque sans crier gare.
Il est tentant pour chacune de ses créations d’imaginer un récit, de façonner une histoire.
Voici son site internet :
Crédits : David M.Benett, blog Deavita.